Le syndrome aortique aigu désigne un ensemble de pathologies caractérisées par une déchirure de la paroi de l'aorte, l'artère principale qui part du cœur et alimente tout le corps en sang oxygéné. Cette déchirure provoque une hémorragie interne pouvant être fatale en l'absence de prise en charge rapide. Explications détaillées sur les causes, les symptômes, le diagnostic et les traitements de ce syndrome redoutable.
Qu'est-ce que le syndrome aortique aigu ?
Le syndrome aortique aigu (SAA) est un terme générique qui recouvre trois pathologies associées à une déchirure de la paroi de l'aorte :
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La dissection aortique : la paroi interne de l'aorte se déchire, permettant au sang de s'infiltrer et de disséquer la paroi. C'est la forme la plus fréquente du SAA.
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L'hématome intramural : un saignement se produit dans la paroi de l'aorte sans la déchirer complètement.
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L'ulcère pénétrant aortique : un ulcère de l'aorte perfore la paroi et provoque une hémorragie.
Ces trois affections sont des urgences médicales absolues. En l'absence de prise en charge immédiate, le taux de mortalité est très élevé. Le SAA touche environ 3 personnes sur 100 000 chaque année. Les personnes d'âge moyen et les personnes âgées sont les plus à risque.
Quelles sont les causes du syndrome aortique aigu ?
Plusieurs facteurs peuvent provoquer l'apparition d'un syndrome aortique aigu :
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L'hypertension artérielle : la pression sanguine élevée fragilise les parois de l'aorte et peut entraîner une déchirure. C'est la cause la plus fréquente de SAA.
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Les maladies du tissu conjonctif comme le syndrome de Marfan ou le syndrome d'Ehlers-Danlos, qui affaiblissent la paroi aortique.
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Les traumatismes thoraciques violents peuvent déchirer l'aorte.
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Les anévrismes aortiques préexistants augmentent le risque de rupture.
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Certaines maladies génétiques rares prédisposent aux SAA.
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La grossesse , en particulier au 3ème trimestre, est associée à un risque accru.
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La prise de cocaïne peut provoquer une élévation brutale de la pression artérielle et entraîner une dissection.
Quels sont les symptômes du syndrome aortique aigu ?
Les principaux symptômes du SAA sont :
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Une douleur thoracique intense de survenue brutale, souvent qualifiée de "déchirante" ou "lancinante".
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Une douleur abdominale intense irradiant dans le dos si la déchirure de l'aorte se situe au niveau abdominal.
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Des difficultés respiratoires , des palpitations cardiaques.
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Une différence de tension artérielle entre les deux bras.
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Une paralysie des membres inférieurs si la déchirure comprime la moelle épinière.
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Une syncope (perte de connaissance) due à l'hypotension.
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Parfois un pouls absent et des marbrures cutanées traduisant un collapsus circulatoire.
La brutalité d'apparition des symptômes doit immédiatement faire suspecter un SAA, imposant une prise en charge d'urgence. Tout retard peut s'avérer fatal.
Comment pose-t-on le diagnostic de syndrome aortique aigu ?
Devant des symptômes évocateurs, des examens d'imagerie doivent être réalisés en urgence pour confirmer le diagnostic :
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L'échographie transœsophagienne permet de visualiser une dissection de l'aorte et d'en déterminer la localisation.
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Le scanner thoraco-abdominal injecté avec reconstruction 3D offre une cartographie précise des lésions aortiques.
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L'IRM peut aussi être utilisée pour imager l'aorte.
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L'angiographie permet de visualiser directement une dissection mais est plus invasive.
Ces examens permettent aussi d'évaluer les complications éventuelles : atteinte des artères rénales ou digestives, compression médullaire, épanchement péricardique menaçant...
Un bilan biologique sanguin est également réalisé pour surveiller l'hémoglobine, les plaquettes, la fonction rénale, les enzymes cardiaques...
Quels sont les traitements du syndrome aortique aigu ?
La prise en charge du SAA repose sur :
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La chirurgie en urgence si l'état hémodynamique du patient est instable. L'intervention consiste à remplacer la portion disséquée de l'aorte par une prothèse vasculaire.
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Le traitement médical si l'état du patient est stable, en contrôlant strictement la pression artérielle pour limiter la progression de la dissection. Des médicaments antihypertenseurs par voie intraveineuse sont utilisés.
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La surveillance étroite en unité de soins intensifs : monitorage de la pression artérielle, bilans sanguins itératifs, imagerie de contrôle.
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Des antalgiques puissants pour soulager la douleur.
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Le repos strict au lit pour limiter la progression de la dissection.
L'objectif est de prévenir l'extension de la déchirure, la rupture aortique et l'ischémie des organes irrigués en aval du vaisseau lésé. Le pronostic dépend de la rapidité de prise en charge et de l'étendue des lésions initiales.
Quelles sont les complications possibles du syndrome aortique aigu ?
Plusieurs complications graves peuvent survenir :
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La rupture aortique entraînant une hémorragie interne massive et souvent fatale.
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L'infarctus de certains organes (rein, intestins, moelle épinière) si leur irrigation est interrompue.
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L'insuffisance cardiaque par épanchement péricardique compressif.
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L'insuffisance rénale aiguë par hypoperfusion.
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L'accident vasculaire cérébral ischémique si des débris se détachent de la déchirure.
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Le syndrome de détresse respiratoire aiguë.
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Des troubles du rythme cardiaque graves.
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Une ischémie des membres inférieurs.
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Le décès par collapsus circulatoire ou hémorragie interne massive.
Le taux de mortalité d'un syndrome aortique aigu non traité approche les 90% dans les premières 48 heures. Même avec une prise en charge optimale, il reste de l'ordre de 20 à 30% selon les études.
Quels sont les facteurs de risque du syndrome aortique aigu ?
Certains facteurs augmentent le risque de développer un syndrome aortique aigu :
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L'hypertension artérielle mal équilibrée
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L'âge avancé
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Le tabagisme
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L'anévrisme aortique préexistant
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Les maladies génétiques du tissu conjonctif (Marfan, Ehlers-Danlos...)
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Les antécédents familiaux de dissection aortique
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La prise de cocaïne
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La grossesse
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Les traumatismes thoraciques
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Certains syndromes génétiques comme le syndrome de Turner
L'identification et le contrôle strict des facteurs de risque modifiables sont primordiaux pour prévenir la survenue d'un syndrome aortique aigu.
Comment prévenir le syndrome aortique aigu ?
Bien que parfois imprévisibles, certains SAA peuvent être prévenus par :
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Le dépistage et le traitement bien conduit de l'hypertension artérielle.
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L'arrêt du tabac pour les fumeurs.
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La correction chirurgicale des anévrismes de l'aorte avant rupture.
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Le dépistage des maladies génétiques prédisposantes par examen clinique et échocardiographie.
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La prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaires : diabète, cholestérol, surpoids...
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La surveillance rapprochée des patients à haut risque.
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L'information sur les risques de la consommation de cocaïne.
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La vigilance sur les signes annonciateurs de SAA pendant la grossesse.
Le dépistage précoce et la correction des facteurs de risque permettent de réduire grandement l'incidence des syndromes aortiques aigus.
Conclusion
Le syndrome aortique aigu est une urgence vitale caractérisée par une déchirure de la paroi de l'aorte. Ses principales causes sont l'hypertension artérielle, les maladies génétiques du tissu conjonctif et les anévrismes aortiques. Ses symptômes sont une douleur thoracique intense à début brutal, des troubles neurologiques et un collapsus circulatoire. Le diagnostic repose sur l'imagerie en coupes qui confirme la dissection. Son traitement nécessite une prise en charge médico-chirurgicale en urgence. Malgré les progrès, sa mortalité reste élevée. La prévention passe par le contrôle optimal des facteurs de risque cardiovasculaires modifiables.