Hypothyroïdie : symptômes, causes et traitements

Hypothyroïdie

L'hypothyroïdie est une affection fréquente de la thyroïde qui touche principalement les femmes. Elle se caractérise par une production insuffisante d'hormones thyroïdiennes. Sans traitement adéquat, l'hypothyroïdie peut entraîner de nombreux troubles physiques et psychiques. Mais avec un diagnostic et un suivi rigoureux, il est possible de mener une vie normale. Dans cet article, nous allons détailler les causes, les symptômes, les examens à réaliser et les différents traitements de l'hypothyroïdie.

I. Qu'est-ce que l'hypothyroïdie ?

L'hypothyroïdie est liée à un dysfonctionnement de la glande thyroïde, située à la base du cou. Cette petite glande en forme de papillon sécrète des hormones thyroïdiennes (T3 et T4) qui régulent de nombreuses fonctions de l'organisme.

En cas d’hypothyroïdie, la thyroïde ne produit pas suffisamment ces hormones. Le métabolisme basal ralentit, entraînant de la fatigue, une prise de poids, des troubles digestifs, etc. On estime que 2 à 5% de la population souffre d’hypothyroïdie en France. Elle touche principalement les femmes après la ménopause.

II. Quelles sont les causes de l'hypothyroïdie ?

Les causes de l'hypothyroïdie peuvent être multiples :

  • La thyroïdite d'Hashimoto : il s'agit de la première cause d'hypothyroïdie dans les pays développés. Cette maladie auto-immune entraîne une destruction progressive des cellules thyroïdiennes.

  • Une carence en iode : l'iode est indispensable à la synthèse des hormones T3 et T4. Une carence, même légère, peut provoquer hypothyroïdie et goitre.

  • La prise de certains médicaments : les traitements à base d'iode radioactif, certains médicaments (lithium, amiodarone, interféron alpha...), peuvent inhiber le fonctionnement de la thyroïde.

  • La thyroïdectomie : l'ablation chirurgicale de la thyroïde nécessite un traitement hormonal substitutif à vie.

  • L'inflammation de la thyroïde : due à une infection virale (thyroïdite subaiguë) ou une maladie auto-immune.

  • Un dysfonctionnement de l'hypophyse ou de l'hypothalamus : ces glandes régulent la sécrétion de TSH et d'hormones thyroïdiennes.

  • La radiothérapie : les radiations ionisantes peuvent léser la thyroïde et altérer sa fonction.

  • La grossesse : le besoin accru en hormones thyroïdiennes peut révéler une hypothyroïdie fruste.

III. Quels sont les symptômes de l'hypothyroïdie ?

L’hypothyroïdie évolue souvent de manière insidieuse. Ses symptômes sont variés et non spécifiques, ce qui rend le diagnostic parfois difficile. Les signes cliniques les plus fréquents sont :

  • Fatigue chronique, sensation de faiblesse

  • Prise de poids ou surpoids inexplicable

  • Constipation

  • Troubles du cycle, règles abondantes ou irrégulières

  • Chute de cheveux

  • Peau sèche, jaune ou pale

  • Ongles cassants

  • Intolérance au froid

  • Douleurs musculaires et articulaires

  • Troubles de la mémoire et difficultés de concentration

  • Troubles de l'humeur : depression, anxiété

  • Bradycardie

  • Paresthésies (fourmillements)

  • Baisse de la libido

En cas d’hypothyroïdie sévère non traitée, d’autres complications peuvent survenir : insuffisance cardiaque, hypertension artérielle, hypercholestérolémie, anémie,infertilité, troubles neurologiques, etc.

Chez les nourrissons, l'hypothyroïdie congénitale peut entraîner des troubles graves du développement psychomoteur (crétinisme) en l'absence de dépistage néonatal et de traitement précoce.

IV. Comment diagnostiquer l'hypothyroïdie ?

Devant des symptômes évocateurs d’hypothyroïdie, le médecin prescrit généralement :

  • Un dosage sanguin de TSH (thyréostimuline ou « hormone de stimulation thyroïdienne »). C'est un marqueur très sensible d’hypothyroïdie. Un taux élevé confirme le diagnostic.

  • Un dosage de T4 libre et de T3 libre : ces hormones circulent librement et reflètent l’activité thyroïdienne. Leur dosage affine le diagnostic.

  • Une échographie thyroïdienne permet de visualiser la structure de la thyroïde et de rechercher des anomalies (nodules, inflammation).

D’autres examens plus spécialisés peuvent être prescrits selon le contexte : scintigraphie thyroïdienne, analyse d'anticorps antithyroïdiens, IRM hypophysaire, etc.

Chez la femme enceinte, un dépistage systématique est recommandé dès le premier trimestre de grossesse par dosage de TSH. Ce dépistage permet de détecter et traiter précocement l’hypothyroïdie maternelle, néfaste pour le développement du fœtus.

V. Quels sont les traitements de l'hypothyroïdie ?

Le traitement repose essentiellement sur l’administration d’hormones thyroïdiennes par voie orale visant à compenser l’insuffisance hormonale.

1. Lévothyroxine sodique

La lévothyroxine sodique (L-thyroxine) est le traitement de première intention. Cette hormone de synthèse identique à la T4 est prise à jeun, 30 minutes avant le petit-déjeuner. La posologie est adaptée progressivement selon les résultats des bilans sanguins jusqu’à normalisation de la TSH. Un traitement bien équilibré permet la disparition des symptômes.

2. L-triiodothyronine (LT3)

La L-T3 est rarement utilisée seule du fait de sa courte durée d'action. Elle est parfois associée à la lévothyroxine en cas de persistance de symptômes malgré un traitement bien conduit.

3. Extraits thyroïdiens

Les extraits de thyroïde (Thyrofix®, Armour Thyroid®) contiennent un mélange de T4 et de T3 et constituent une alternative possible. Leur usage est controversé car leur dosage en hormones thyroïdiennes est moins standardisé.

4. Traitements naturels et compléments alimentaires

Certains traitements naturels peuvent contribuer à réguler la fonction thyroïdienne, en complément d’un traitement conventionnel :

  • Compléments à base de varech, riche en iode
  • Maca andine
  • Compléments de zinc, fer, magnésium, sélénium
  • Huiles essentielles d'eucalyptus citronné et de menthe poivrée

Cependant, la phytothérapie ne peut en aucun cas remplacer les hormones thyroïdiennes si celles-ci sont déficientes.

Il est impératif de toujours demander l’avis de son médecin avant d’entreprendre un traitement complémentaire et de ne jamais arrêter ni modifier un traitement médicalement prescrit.

VI. Quelles sont les complications de l'hypothyroïdie ?

Sans traitement adapté, l’hypothyroïdie peut engendrer de nombreuses complications :

  • Troubles cardiovasculaires : hypertension artérielle, insuffisance cardiaque, augmentation du cholestérol
  • Troubles digestifs : constipation, occlusion, perforation diverticulaire
  • Troubles neurologiques : encéphalopathie myxoedémateuse
  • Troubles psychiatriques : dépression, psychose myxoedémateuse
  • Anémie macrocytaire
  • Infertilité, fausses couches à répétition
  • Coma myxoedémateux (rare)

Chez la femme enceinte, l’hypothyroïdie non traitée accroît les risques d’avortements spontanés, de pré-éclampsie, d’accouchement prématuré, de retard de croissance in utero et de troubles neurologiques chez l’enfant.

Un traitement hormonal adapté permet d’éviter ces complications et de mener une grossesse normale. Un suivi régulier est cependant nécessaire pour adapter les doses d’hormones tout au long de la grossesse.

VII. Comment prévenir l'hypothyroïdie ?

Bien que l’hypothyroïdie soit souvent imprévisible, quelques mesures préventives peuvent être recommandées :

  • Éviter les carences en iode par une alimentation suffisante et équilibrée

  • Limiter sa consommation de produits contenant des perturbateurs thyroïdiens : pesticides, bisphénol A, phtalates

  • Traiter toute maladie auto-immune associée (diabète de type 1, maladie de Basedow, maladie coeliaque, vitiligo...)

  • Respecter les précautions lors de traitements à risque : lithium, amiodarone, produits de contraste iodés

  • Réaliser un bilan thyroïdien avant et après une grossesse, en post-partum ou après 50 ans

  • Pratiquer une activité physique régulière et gérer son stress, facteurs positifs sur la fonction thyroïdienne

  • Réaliser des contrôles réguliers et suivre scrupuleusement son traitement si une hypothyroïdie est diagnostiquée

VIII. Vivre avec une hypothyroïdie : conseils et astuces

Contrairement aux idées reçues, il est tout à fait possible de mener une vie normale lorsqu’on souffre d’hypothyroïdie. Quelques conseils peuvent vous aider à retrouver votre énergie et votre bien-être.

  • Respectez scrupuleusement votre traitement hormonal et réalisez des bilans sanguins réguliers. Un dosage de TSH tous les 6 à 12 mois est recommandé.

  • Adoptez une alimentation équilibrée, riche en aliments nutritionnels : légumes verts, céréales complètes, viandes maigres, poissons gras, fruits secs.

  • Complétez avec des apports adaptés de vitamines et minéraux : vitamine B12, fer, magnésium, sélénium, zinc.

  • Pratiquez une activité physique quotidienne, même modérée : marche, vélo, natation... L’exercice stimule votre métabolisme.

  • Apprenez des techniques de gestion du stress : yoga, méditation, cohérence cardiaque, sophrologie. Un mental apaisé aide à réguler les déséquilibres hormonaux.

  • Accordez-vous des moments de détente et dormez suffisamment. Le repos est essentiel pour recharger votre énergie.

  • Évitez certains facteurs aggravants : tabac, alcool, régimes trop restrictifs.

En suivant ces quelques recommandations et en étant bien accompagné, il est tout à fait possible de reprendre une vie dynamique et épanouie, malgré la contrainte d’un traitement quotidien. N’hésitez pas à en parler à vos proches et à demander de l’aide en cas de besoin. Votre moral a un rôle clé dans l’amélioration de votre hypothyroïdie.

IX. Hypothyroïdie de l'enfant et du nourrisson

L'hypothyroïdie peut survenir dès la naissance ou plus tard durant l'enfance. Elle nécessite une prise en charge précoce pour éviter des troubles graves du développement.

1. Hypothyroïdie congénitale

Présente dès la naissance, elle est due à un déficit complet ou partiel en hormones thyroïdiennes. Ses causes peuvent être :

  • Un défaut de migration ou d'ascension de la glande thyroïde
  • Une anomalie de formation de la thyroïde
  • Une mutation génétique

En France, un dépistage néonatal systématique par prise de sang au talon permet de la diagnostiquer précocement. Sans traitement dans les premiers mois de vie, l'hypothyroïdie congénitale entraîne un retard mental sévère ou crétinisme.

2. Hypothyroïdie juvénile

Survenant plus tardivement, ses causes sont multiples :

  • Thyroïdite d'Hashimoto
  • Traitements à base d'iode radioactif
  • Excès ou défaut d'apport iodé
  • Maladies congénitales de la thyroïde

Elle peut se manifester par un retard statural, une puberté retardée, des troubles cognitifs, un retard scolaire.

3. Traitement

Il repose sur l'administration précoce de lévothyroxine dès le diagnostic posé. La dose est adaptée régulièrement en fonction de la croissance staturale et du développement pubertaire. Un suivi auxological et neurocognitif est nécessaire. Sous traitement, l’évolution est en général favorable.

X. Hypothyroïdie et grossesse

L'hypothyroïdie maternelle doit être dépistée et traitée dès le début de la grossesse pour éviter des complications.

  • Un dosage de TSH est recommandé dès le 1er trimestre, puis tous les 2-3 mois pendant la grossesse

  • Les besoins en lévothyroxine augmentent de 20 à 50% pendant la grossesse

  • L'objectif thérapeutique est d'obtenir une TSH inférieure à 2,5 mUI/L

  • Après l'accouchement, la posologie d'avant-grossesse est rétablie

Une hypothyroïdie même fruste augmente les risques d'infertilité, fausses-couches, retard de croissance in utero, prématurité, troubles neuro-développementaux de l'enfant.

Un traitement adapté et un suivi régulier permettent le bon déroulement d'une grossesse et la naissance d'un enfant en bonne santé.

XI. Conclusion

L'hypothyroïdie est une pathologie thyroïdienne fréquente, notamment chez la femme. Ses symptômes, souvent discrets au début, peuvent avoir un retentissement important sur la qualité de vie si elle n'est pas diagnostiquée et traitée correctement.

Heureusement, un traitement hormonal substitutif bien conduit permet dans la grande majorité des cas de retrouver un état normal et de prévenir la survenue de complications. Une surveillance biologique régulière reste cependant indispensable pour adapter les doses de la façon la plus physiologique possible.

Bien que contraignant, le traitement de l'hypothyroïdie est donc très efficace. Associé à des règles hygiéno-diététiques adaptées et à une bonne observance, il offre aux patients une espérance de vie et une qualité de vie excellentes.

FAQ

Quels sont les symptômes typiques de l'hypothyroïdie chez la femme ?

Chez la femme, l'hypothyroïdie peut se manifester par des troubles du cycle (règles irrégulières, abondantes), une infertilité, une prise de poids, une chute de cheveux, un syndrome prémenstruel aggravé, une sécheresse vaginale, une baisse de libido.

L'hypothyroïdie peut-elle provoquer des symptômes oculaires ?

Oui, l'hypothyroïdie peut entraîner un gonflement des paupières, une sensibilité anormale à la lumière, des yeux secs, une vision trouble, des difficultés à lire de près. Ces symptômes sont dus à l'infiltration des tissus orbitaires par les mucopolysaccharides.

Quels sont les principaux symptômes de l'hyperthyroïdie ?

Les symptômes typiques de l'hyperthyroïdie sont : amaigrissement, nervosité, irritabilité, tremblements, palpitations, intolérance à la chaleur, sueurs, diarrhée, insomnies, fatigue musculaire, exophtalmie.

L'hypothyroïdie peut-elle provoquer des douleurs dans les jambes ?

Oui, l'hypothyroïdie peut être responsable de douleurs musculaires et crampes dans les mollets. Cela est dû à une carence en hormones thyroïdiennes qui entraîne une moins bonne oxygénation des muscles.

Quels sont les vertiges typiques de l'hypothyroïdie ?

L'hypothyroïdie peut provoquer des vertiges positionnels à type de sensation ébrieuse, surtout le matin au lever. Ils sont liés au ralentissement circulatoire et à l'hypotension artérielle fréquents dans cette pathologie.

L'hypothyroïdie peut-elle entraîner essoufflement et palpitations ?

Oui, l'hypothyroïdie non traitée peut paradoxalement s'accompagner d'une tachycardie de repos et d'essoufflement à l'effort, en lien avec l'anémie fréquente dans cette maladie.

Quelles sont les principales causes d'hypothyroïdie ?

Les causes les plus fréquentes sont : la thyroïdite auto-immune de Hashimoto, la thyroïdectomie, la radiothérapie cervicale, les médicaments antithyroïdiens, les carences en iode ou sélénium.

Pourquoi ressent-on de la fatigue malgré un traitement bien conduit de l'hypothyroïdie ?

Une fatigue persistante peut être liée à un sous-dosage du traitement. Mais d'autres causes sont possibles : anémie, troubles du sommeil, effets secondaires des médicaments, dépression associée. Un avis médical est nécessaire.

Sources:

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