L'hyperphosphatémie désigne une augmentation pathologique du taux de phosphates dans le sang. Quelles en sont les causes ? Pourquoi est-ce dangereux ? Et comment normaliser cette phosphatémie ?
Définition de l'hyperphosphatémie
L'hyperphosphatémie correspond à un taux anormalement élevé de phosphore dans le sang.
Les valeurs normales de phosphore sanguin sont comprises entre 0,8 et 1,45 mmol/L. On parle d'hyperphosphatémie au-delà de 1,45 mmol/L.
Cet excès de phosphates sanguins peut avoir des conséquences graves. Sa correction est donc primordiale.
On estime que 2 à 3% de la population générale présente une hyperphosphatémie, le plus souvent modérée et asymptomatique.
Quelles sont les causes d'une élévation du taux de phosphore ?
Les principales causes d'hyperphosphatémie sont :
- Une insuffisance rénale chronique sévère.
- Un hypoparathyroïdisme avec déficit en PTH.
- Une supplémentation excessive en vitamine D.
- Une hyperalbuminémie qui augmente le phosphore lié.
- Une rhabdomyolyse (destruction musculaire) importante.
- Un syndrome de lyse tumorale lors de chimiothérapies.
- Certains médicaments comme les diurétiques thiazidiques.
- Une hypervitaminose D.
- Exceptionnellement, un excès d'apports alimentaires.
Quels sont les symptômes d'une hyperphosphatémie ?
Dans la majorité des cas, l'hyperphosphatémie est asymptomatique et découverte sur une prise de sang systématique.
Mais certains signes cliniques peuvent apparaître :
- Une fatigue et une faiblesse musculaire.
- Des douleurs et une faiblesse osseuses.
- Des démangeaisons.
- Des calcifications des tissus mous.
- Exceptionnellement, des troubles cardiaques ou neurologiques.
Ces manifestations sont observées pour des taux très élevés supérieurs à 2 ou 2,5 mmol/L.
Pourquoi l'hyperphosphatémie est-elle dangereuse ?
Un taux élevé de phosphore sanguin est dangereux car il conduit à une hyperphosphatémie tissulaire.
L'excès de phosphore entraîne alors :
- Une déminéralisation osseuse et des fractures.
- Des calcifications des tissus mous (reins, yeux, peau).
- Une hypocalcémie par précipitation du calcium.
- Des troubles cardiaques par hypocalcémie.
- Des démangeaisons et rougeurs cutanées.
Il est donc essentiel de normaliser la phosphatémie pour prévenir ces complications.
Comment fait-on le diagnostic d'hyperphosphatémie ?
Le diagnostic d'hyperphosphatémie repose sur :
- La mesure de la phosphatémie dans le sang veineux (prélèvement standard).
- La recherche de signes cliniques évocateurs comme des calcifications tissulaires.
- La correction par rapport à l'albumine si elle est augmentée.
- L'évaluation de la fonction rénale (créatininémie).
- Le dosage sanguin de la PTH.
- La recherche d'une cause sous-jacente.
Quels sont les traitements de l'excès de phosphore sanguin ?
Les mesures thérapeutiques visent à :
- Diminuer les apports alimentaires de phosphore.
- Augmenter l'élimination urinaire de phosphore par des chélateurs.
- Traiter la cause de l'hyperphosphatémie (insuffisance rénale, tumorale...).
- Si besoin, supplémentation en calcium et vitamine D.
- En cas d'insuffisance rénale, recourir à l'épuration extra-rénale (dialyse).
La normalisation de la phosphatémie nécessite souvent plusieurs semaines. Une surveillance régulière est essentielle.
Quels sont les conseils diététiques pour limiter l'apport en phosphore ?
Quelques conseils pour réduire l'apport alimentaire de phosphore :
- Limiter les produits laitiers.
- Éviter les abats et poissons en conserve.
- Limiter la charcuterie et les plats préparés.
- Bannir les sodas au cola.
- Préférer les féculents et le riz aux céréales.
- Consommer avec modération fruits secs et chocolat.
- Boire beaucoup d'eau pour favoriser l'élimination urinaire.
Une alimentation pauvre en phosphore nécessite souvent l'aide d'une diététicienne.
Quelles sont les perspectives d'amélioration de la prise en charge ?
Les perspectives pour une meilleure prise en charge sont :
- Le développement de nouveaux chélateurs du phosphore plus efficaces et mieux tolérés.
- La mise au point de régimes hypophosphatés plus faciles à suivre au long cours.
- L'utilisation de biomarqueurs pour mieux adapter les doses de chélateurs.
- Le dépistage précoce de l'hyperphosphatémie chez les patients à risque.
- L'éducation des patients pour une meilleure observance des mesures hygiéno-diététiques.
- Une approche plus intégrative pour une prise en charge plus individualisée.
Grâce aux progrès en matière de nutrition et de néphrologie, la prise en charge de l'hyperphosphatémie devrait significativement s'améliorer dans les années à venir.
Sources