L'endométriose est une maladie gynécologique chronique qui touche près de 10% des femmes. Pourtant, elle reste méconnue du grand public et difficile à diagnostiquer. Dans cet article, nous allons découvrir ce qu'est réellement l'endométriose, quels sont ses symptômes, ses causes possibles et les traitements existants.
Qu'est-ce que l'endométriose ?
L'endométriose se manifeste lorsque du tissu similaire à la muqueuse utérine (appelé endomètre) se développe en dehors de l'utérus. Ce tissu ectopique réagit aux variations hormonales du cycle menstruel, tout comme l'endomètre normal. Il prolifère et saigne au moment des règles, mais ne peut pas être évacué naturellement par le vagin. Cela provoque des réactions inflammatoires chroniques pouvant entraîner de fortes douleurs, des adhérences et des kystes.
On estime que l'endométriose touche entre 6 à 10% des femmes en âge de procréer, soit près de 2 millions de femmes en France. Elle peut parfois être diagnostiquée dès l'adolescence. Bien qu'elle ne soit pas mortelle, l'endométriose altère significativement la qualité de vie des patientes et peut impacter la fertilité.
Quels sont les symptômes de l'endométriose ?
Les symptômes de l'endométriose peuvent être très variables d'une femme à l'autre. Les plus fréquents sont :
- Des douleurs pelviennes et règles très douloureuses (dysménorrhée). Ces douleurs sont souvent plus intenses pendant les règles mais peuvent persister de façon chronique.
- Des rapports sexuels douloureux (dyspareunie).
- Des troubles digestifs en période de règles : ballonnements, diarrhées, constipation, nausées.
- Des douleurs à la miction et à la défécation.
- Une fatigue intense et des cycles irréguliers.
- Une infertilité dans 30 à 50% des cas.
L'intensité des symptômes est très variable selon les femmes et l'étendue des lésions d'endométriose. Certaines femmes sont asymptomatiques alors que d'autres souffrent de douleurs invalidantes. Il arrive aussi que les symptômes évoluent avec le temps.
À quoi est dû l'endométriose ?
Les causes exactes de l'endométriose restent mal comprises des médecins et font l'objet de nombreuses recherches. Plusieurs hypothèses sont étudiées :
- Un reflux menstruel (des menstrues qui remontent dans les trompes au lieu de s'écouler par le vagin) entraînant un dépôt anormal de cellules endométriales. Ce reflux serait favorisé par des règles abondantes et une position utérine inclinée vers l'arrière (rétroversion utérine).
- Une transformation directe de certaines cellules du péritoine en cellules endométriales sous l'action des œstrogènes.
- Un défaut du système immunitaire qui ne parviendrait pas à éliminer les cellules endométriales ectopiques.
- Une prédisposition génétique, l'endométriose étant plus fréquente chez les femmes dont la mère ou la sœur sont atteintes.
D'autres facteurs de risque ont également été identifiés : les règles précoces, un IMC faible, une exposition aux perturbateurs endocriniens, etc. Mais leurs liens de causalité avec l'endométriose ne sont pas clairement établis.
Comment diagnostique-t-on l'endométriose ?
Malgré l'importance des symptômes, l'endométriose met en moyenne 7 à 10 ans à être diagnostiquée après le début des symptômes. Les raisons ? Une minimisation des douleurs pelviennes chroniques, des patientes qui n'osent pas toujours en parler, et des symptômes confondus avec d'autres pathologies courantes comme les troubles digestifs.
Le diagnostic repose d'abord sur un interrogatoire médical détaillé sur les antécédents de la patiente et la description précise des symptômes. Différents examens complémentaires peuvent ensuite être réalisés :
- Un examen gynécologique, combiné à une échographie pelvienne, permet parfois de repérer des kystes d'endométriose.
- Le dosage du taux sanguin de CA-125, un marqueur tumoral, peut orienter le diagnostic si ses taux sont élevés.
- L'IRM pelvienne offre une très bonne visualisation des lésions d'endométriose.
Mais le diagnostic définitif nécessite le plus souvent de réaliser une cœlioscopie, sous anesthésie générale. Cet examen visuel direct dans l'abdomen permet de repérer, localiser et biopsier les lésions. L'intervention est réalisée par un gynécologue spécialisé dans l'endométriose.
Quels sont les traitements contre l'endométriose ?
Il n'existe à l'heure actuelle aucun traitement pour guérir définitivement l'endométriose. La prise en charge vise donc à soulager les symptômes et limiter l'évolution des lésions. Elle repose sur :
- Des antalgiques pour réduire les douleurs : paracétamol, anti-inflammatoires, antispasmodiques...
- Des traitements hormonaux qui diminuent les règles voire les suppriment : pilule contraceptive en continu, progestatifs, stérilet Mirena®... Ils permettent de bloquer le développement des lésions.
- La chirurgie pour retirer les lésions et décoller les adhérences par cœlioscopie. L'intervention peut être suivie d'un traitement hormonal.
Certaines thérapies complémentaires semblent apporter un mieux-être à certaines patientes : ostéopathie, acupuncture, sophrologie, relaxation... Une prise en charge pluridisciplinaire est souvent nécessaire pour une meilleure qualité de vie.
Quelles sont les perspectives pour de meilleurs traitements ?
De nouvelles pistes thérapeutiques sont à l'étude pour traiter l'endométriose de façon plus ciblée et durable :
- Des traitements médicamenteux qui bloqueraient la croissance des cellules endométriales ectopiques ou diminueraient l'inflammation.
- L'utilisation d'ultrasons focalisés de haute intensité qui détruisent les lésions par la chaleur, sans chirurgie invasive.
- La thérapie génique pour réguler certains gènes impliqués dans le développement de l'endométriose.
- Des recherches sur le rôle des cellules souches mésenchymateuses issues de la moelle osseuse, qui pourraient contribuer à la régénération des tissus lésés.
L'amélioration du dépistage et de la prise en charge précoce de la maladie fait également partie des axes de recherche actuels.
Conseils aux patientes pour mieux vivre avec l'endométriose
Quelques recommandations pour les femmes atteintes d'endométriose :
- Noter précisément dans un calendrier l'évolution des symptômes pour en parler au médecin.
- Adopter une alimentation anti-inflammatoire, riche en oméga 3, fruits et légumes.
- Pratiquer une activité physique adaptée et régulière pour diminuer les douleurs.
- Recourir à des méthodes de relaxation comme le yoga, la sophrologie, la méditation pleine conscience.
- Éviter l'automédication et les traitements à base de plantes qui peuvent interagir avec les médicaments.
- En parler autour de soi pour se sentir soutenue et mieux comprise.
- Ne pas hésiter à consulter un(e) psychologue en cas de souffrance morale liée à l'endométriose.
- Rejoindre des groupes de soutien pour partager son expérience avec d'autres femmes concernées.
L'endométriose est une maladie complexe, encore mal comprise et taboue. Un long combat reste à mener pour améliorer son diagnostic, sensibiliser le grand public et soutenir les millions de femmes atteintes. Mais les progrès constants de la recherche médicale laissent espérer de nouveaux traitements plus efficaces dans les années à venir.
Sources