Le diabète insipide est une maladie rare caractérisée par une élimination excessive d'urines très diluées. Confondu à tort avec le diabète sucré, découvrons dans cet article les mécanismes, les symptômes et les options thérapeutiques de cette pathologie liée à un déficit en hormone antidiurétique.
Définition du diabète insipide
Le diabète insipide est une maladie due à un déficit en vasopressine, également appelée hormone antidiurétique (ADH).
Cette hormone est sécrétée par l'hypophyse. Elle agit au niveau des reins pour favoriser la réabsorption d'eau et concentrer les urines.
En cas de déficit en ADH, les reins sont incapables de concentrer les urines, d'où une élimination excessive d'urines très diluées.
Le diabète insipide ne doit pas être confondu avec le diabète sucré qui, lui, est caractérisé par un excès de sucre dans le sang.
Quelles sont les causes du diabète insipide ?
Les causes d'un déficit en ADH sont multiples :
- Origine hypothalamo-hypophysaire : tumeur, infection, chirurgie, traumatisme...
- Atteinte du rein lui-même (néphropathie)
- Causes médicamenteuses : lithium, amphotéricine B, demeclocycline...
- Causes génétiques : diabète insipide néphrogénique congénital.
- Sarcoïdose
- Grossesse et accouchement
Un bilan étiologique complet est nécessaire pour rechercher l'origine précise du déficit en ADH.
Quels sont les symptômes du diabète insipide ?
Les manifestations principales sont :
- Une soif intense avec besoin impérieux de boire (polydipsie).
- Des urines abondantes et très diluées (polyurie pouvant atteindre 10 litres par jour).
- Une sécheresse de la bouche et de la peau.
- Des troubles du sommeil liés aux mictions nocturnes fréquentes.
- Une perte de poids par déshydratation.
- Une constipation secondaire à la déshydratation.
L'évolution est marquée par l'aggravation progressive de la polyurie-polydipsie.
Comment diagnostique-t-on un diabète insipide ?
Plusieurs examens permettent de confirmer le diagnostic :
- La clinique évocatrice : polyurie-polydipsie intense.
- Un ionogramme sanguin normal.
- Une glycémie et calciurie normales.
- Une osmolalité urinaire effondrée (< 100 mosmol/kg).
- Une épreuve de restriction hydrique : la polyurie persiste malgré la privation d'eau.
- Un test à la deamino-8-D-arginine vasopressine (dDAVP) qui normalise transitoirement la diurèse.
Ces examens suffisent généralement pour affirmer le diagnostic de diabète insipide.
Quels sont les traitements du diabète insipide ?
Le traitement repose sur des apports hydriques abondants et la supplémentation en vasopressine :
- Boire abondamment pour compenser les pertes urinaires, même la nuit. Se peser régulièrement.
- Prendre de la desmopressine (dDAVP), analogue synthétique de la vasopressine, en comprimés, spray nasal ou solution injectable.
- En cas de forme néphrogénique, des diurétiques thiazidiques potentialisent l'action de la dDAVP.
- Traiter la cause sous-jacente quand elle est identifiée : arrêt de un médicament en cause, chirurgie d'une tumeur hypophysaire...
- Surveiller la natrémie et adapter les apports sodés.
Le traitement permet de contrôler les symptômes dans la majorité des cas et d'éviter la déshydratation.
Quelles sont les complications du diabète insipide ?
Les complications possibles sont :
- La déshydratation aiguë avec hypernatrémie, par apports hydriques insuffisants lors d'une gastro-entérite par exemple. Elle impose une réhydratation d'urgence.
- Des troubles du métabolisme phosphocalcique par déshydratation.
- Une insuffisance rénale par nécrose tubulaire aiguë en cas de déshydratation sévère.
- Des calculs rénaux favorisés par la concentration urinaire insuffisante.
- Des troubles du développement staturo-pondéral chez l'enfant.
Le risque de complications est minimisé par l'observance du traitement et un apport hydrique adapté.
Conclusion sur le diabète insipide
Le diabète insipide est une maladie rare mais handicapante par la polyurie-polydipsie permanente qu'elle entraîne. Grâce à l'analogue de synthèse de la vasopressine, la majorité des patients atteints peuvent aujourd'hui mener une vie proche de la normale. Toutefois, la surveillance régulière reste indispensable pour prévenir le risque de déshydratation, notamment lors d'affections intercurrentes responsables de pertes hydroélectrolytiques additionnelles.
Sources:- Diabète insipide : diagnostic et traitement - Rev Med Suisse 2014
- Diabète insipide - Orphanet 2022
- Le diabète insipide - Sanchez R et al, 2012
- Diagnosis and management of central diabetes insipidus - Christ-Crain & Bichet, 2019
- Treatment of diabetes insipidus - Robertson, 2019