Le diabète de type 2 est une maladie chronique qui touche de plus en plus de personnes à travers le monde. Caractérisé par une hyperglycémie (trop de sucre dans le sang), ce trouble métabolique peut engendrer de lourdes complications s'il n'est pas pris en charge correctement. Heureusement, il est possible de prévenir et de contrôler le diabète de type 2 par des changements de mode de vie et un traitement adapté. Dans cet article détaillé, découvrez tout ce qu’il faut savoir sur cette pathologie.
Qu'est-ce que le diabète de type 2 ?
Le diabète de type 2, anciennement appelé diabète non insulinodépendant (DNID) ou diabète de la maturité, se caractérise par une hyperglycémie chronique. Cela signifie que la glycémie à jeun est supérieure à 1,26 g/L lors de deux analyses successives.
Cette augmentation du taux de sucre dans le sang est due à deux mécanismes :
-
Une résistance à l'insuline au niveau des tissus cibles : le foie, les muscles et le tissu adipeux répondent moins bien à l'action de l'insuline, l'hormone qui régule la glycémie.
-
Un déficit de sécrétion d'insuline par le pancréas, qui n'arrive plus à compenser la résistance périphérique à l'insuline.
Au fil du temps, le pancréas finit par s'épuiser, entraînant l'aggravation du diabète.
Quelles sont les causes du diabète de type 2 ?
Le diabète de type 2 est une maladie multifactorielle, qui résulte de l'interaction entre des facteurs génétiques et environnementaux.
Les facteurs de risque génétiques
Certains gènes favorisent l'apparition d'un diabète de type 2. Avoir un parent du premier degré (père, mère, frère, sœur, enfant) diabétique augmente ainsi le risque de développer la maladie.
Toutefois, moins de 10% des cas sont directement causés par une mutation génétique. La prédisposition génétique accroît la vulnérabilité, mais ne suffit généralement pas à elle seule à déclencher la maladie.
Les facteurs de risque environnementaux
- L'âge : le risque augmente après 45 ans.
- L'obésité, en particulier abdominale.
- La sédentarité.
- Une alimentation trop riche en sucres et en graisses.
- Le tabagisme.
- L'hypertension artérielle.
- Un antécédent de diabète gestationnel ou de macrosomie fœtale.
L'association de plusieurs de ces facteurs de risque potentialise leur effet délétère. Ainsi, l'obésité abdominale chez une personne de plus de 45 ans sédentaire augmente fortement les risques de diabète de type 2.
Quels sont les symptômes du diabète de type 2 ?
Les manifestations cliniques du diabète de type 2 sont insidieuses et passent souvent inaperçues pendant de nombreuses années. Les principaux symptômes sont :
- Une soif intense avec une sensation de bouche sèche.
- Des mictions fréquentes.
- Une fatigue chronique.
- Des infections à répétition (mycoses, cystites...).
- Une cicatrisation lente des plaies.
- Des démangeaisons cutanées.
- Une perte de poids inexpliquée.
Lorsque la maladie est plus avancée, d'autres signes apparaissent :
- Des troubles de la vision : baisse de l'acuité visuelle, vision trouble.
- Des fourmillements ou engourdissements dans les mains et les pieds.
- Une sensibilité moindre aux contacts et à la douleur.
Il arrive également que le diabète de type 2 soit découvert de manière fortuite, à l'occasion d'un bilan sanguin systématique. C'est pourquoi un dosage régulier de la glycémie est recommandé, notamment après 45 ans.
Quelles sont les complications du diabète de type 2 ?
En l'absence de prise en charge adéquate, le diabète de type 2 évolue vers des complications dégénératives graves, pouvant impacter de nombreux organes.
Les complications microvasculaires
L'hyperglycémie chronique endommage à la longue les petits vaisseaux sanguins (artérioles, capillaires, veinules), entraînant :
- Une rétinopathie diabétique, 1ère cause de cécité avant 65 ans dans les pays développés.
- Une néphropathie diabétique, responsable d'insuffisance rénale.
- Une neuropathie diabétique, à l'origine de douleurs, fourmillements, troubles sensitifs et moteurs.
Les complications macrovasculaires
Le diabète accélère l'athérosclérose, c'est-à-dire l'obstruction des gros vaisseaux sanguins par des plaques d'athérome. Il majore ainsi les risques de :
- Infarctus du myocarde et angor.
- Accident vasculaire cérébral (AVC).
- Artérite des membres inférieurs.
Autres complications
- Infections : le diabète affaiblit le système immunitaire.
- Troubles de la cicatrisation.
- Atteintes ophtalmiques : glaucome, cataracte.
- Neuropathies périphériques.
- Troubles digestifs : gastroparesie diabétique, diarrhées.
- Troubles psychiatriques : dépression, anxiété.
La bonne nouvelle est que la majorité de ces complications peuvent être évitées grâce à une prise en charge adaptée du diabète.
Comment previent-on le diabète de type 2 ?
Bien que multifactorielle, cette maladie métabolique peut dans une large mesure être prévenue par des mesures hygiéno-diététiques :
-
Pratiquer une activité physique régulière, au moins 30 minutes par jour : marche rapide, jogging, natation, vélo... L'exercice améliore la sensibilité à l'insuline.
-
Maintenir un poids normal, avec un tour de taille inférieur à 94 cm chez l'homme et 80 cm chez la femme, en évitant les régimes yoyos. La perte de 5% à 10% du poids total réduit significativement le risque de diabète.
-
Suivre une alimentation équilibrée et variée riche en fibres, avec des céréales complètes, des légumineuses, des légumes, des fruits... En limitant les graisses saturées et les sucres rapides.
-
Arrêter de fumer : le tabac accroît de 30% à 40% le risque de diabète.
-
Limiter sa consommation d'alcool à 2 verres par jour maximum chez l'homme, 1 verre chez la femme.
-
Gérer son stress par des techniques de relaxation, yoga, méditation, cohérence cardiaque... Le stress chronique élève le taux de cortisol et de glycémie.
Ces mesures préventives permettent de réduire l'incidence du diabète de type 2 de plus de 50% chez les personnes à risque. Une alimentation équilibrée associée à la pratique sportive régulière constitue la meilleure prévention.
Comment diagnostique-t-on le diabète de type 2 ?
Le diagnostic repose sur la mesure de la glycémie à jeun à deux reprises. Il est confirmé si :
- La glycémie à jeun est ≥ 7 mmol/L (1,26 g/L).
- La glycémie supérieure à 2 g/L (11,1 mmol/L) 2 heures après une charge orale de 75 g de glucose.
D'autres examens complémentaires peuvent être prescrits pour évaluer le retentissement du diabète :
- Dosage de l'hémoglobine glyquée (HbA1c), qui reflète la glycémie des 3 derniers mois. L'objectif thérapeutique est < 7%.
- Bilan lipidique, pour dépister une hypercholestérolémie associée.
- Bilan rénal, avec dosage de la créatininémie.
- Fond d'oeil, pour évaluer la rétine.
- ECG de repos.
Le diagnostic de diabète de type 2 est posé si la glycémie à jeun est supérieure ou égale à 1,26 g/L à deux reprises. Le bilan initial vise à dépister d'éventuelles complications.
Quels sont les traitements du diabète de type 2 ?
La prise en charge du diabète de type 2 s'appuie sur plusieurs axes thérapeutiques, visant à normaliser la glycémie et prévenir l'apparition de complications :
1. L'éducation thérapeutique du patient
Elle permet d'acquérir les connaissances et compétences pour gérer au mieux sa maladie : auto-surveillance glycémique, adaptation des doses d'insuline, prévention des complications...
2. La modification du mode de vie
- Activité physique régulière.
- Alimentation équilibrée favorisant les aliments à index glycémique bas.
- Arrêt du tabac.
- Gestion du stress.
- Correction d'un surpoids éventuel.
Ces mesures hygiéno-diététiques doivent être poursuivies à vie. Elles suffisent parfois à normaliser la glycémie sans traitement médicamenteux chez certains patients.
3. Les antidiabétiques oraux
Ils permettent de stimuler la sécrétion d'insuline par le pancréas et/ou d'améliorer l'efficacité de l'insuline. Les principales classes sont :
- Les biguanides (metformine).
- Les sulfamides hypoglycémiants.
- Les inhibiteurs de l'alpha-glucosidase.
- Les gliptines.
Ces médicaments sont prescrits en monothérapie ou en associations pour obtenir un meilleur contrôle glycémique.
4. L'insulinothérapie
Lorsque les antidiabétiques oraux ne suffisent plus à normaliser la glycémie, il faut introduire de l'insuline. Celle-ci est injectée par stylo ou pompe, 1 à 4 fois par jour selon le protocole. Il existe différents types d'insulines.
5. La chirurgie bariatrique
Chez les patients diabétiques obèses, la chirurgie de l'obésité (pose d'un anneau gastrique, sleeve, bypass...) peut permettre de normaliser la glycémie et de réduire, voire arrêter les traitements.
Quelles sont les règles hygiéno-diététiques pour un diabétique ?
Des mesures diététiques et d'hygiène de vie sont indispensables pour équilibrer le diabète. Les principales sont :
-
Faire 3 repas par jour, à heures régulières. Éviter le grignotage.
-
Consommer des aliments à index glycémique bas : légumes, légumineuses, fruits, céréales complètes non raffinées... Ils n'entraînent pas de pics glycémiques.
-
Modérer sa consommation de sucres simples (fruit, miel, confiture, sodas...) à l'équivalent de 2 morceaux de sucre par jour. Attention aux sucres cachés !
-
Limiter les matières grasses animales (beurre, crème...) riches en graisses saturées, en faveur des huiles végétales.
-
Privilégier les protéines maigres : volaille, poisson, œuf...
-
Consommer suffisamment de fibres avec des céréales complètes, légumes, fruits. Elles ralentissent l'absorption des glucides.
-
Boire 1,5 à 2 litres d'eau par jour. S'hydrater régulièrement, y compris en l'absence de soif.
-
Pratiquer une activité physique régulière, au minimum 150 minutes par semaine. La marche est excellente pour commencer.
-
Éviter de fumer et limiter sa consommation d'alcool.
-
Prendre soin de ses pieds : hydratation, surveillance d'éventuelles blessures...
Quelle est l'espérance de vie d'un diabétique de type 2 ?
Avec une prise en charge adaptée, l'espérance de vie d'une personne atteinte de diabète de type 2 peut être quasi normale.
Selon une étude publiée en 2020 dans The Lancet, l'espérance de vie à la naissance des diabétiques est réduite en moyenne de :
- 4 ans pour un homme diabétique diagnostiqué à 50 ans.
- 6 ans pour une femme diagnostiquée au même âge.
Ces chiffres varient selon l'âge de diagnostic et la présence ou non de complications.
Les principaux facteurs influençant la mortalité des diabétiques sont :
- Le contrôle de la glycémie.
- La surveillance régulière de complications éventuelles.
- L'arrêt du tabac.
- La correction des autres facteurs de risque cardiovasculaire : HTA, dyslipidémie...
Ainsi, en adoptant un mode de vie sain et un traitement adapté, il est possible pour un diabétique de type 2 d'atteindre une espérance de vie proche de la moyenne de la population générale.
Quels sont les conseils pour bien vivre avec un diabète de type 2 ?
Voici quelques conseils pratiques pour vivre le mieux possible avec un diabète de type 2 :
-
Faites contrôler votre glycémie régulièrement, d'abord par des autosurveillances puis par dosage de l'hémoglobine glyquée (HbA1c). Cela vous permet d'ajuster vos doses de traitement et votre hygiène de vie.
-
Mangez équilibré, faites de l'exercice physique et essayez de perdre du poids si besoin. Le contrôle du diabète passe avant tout par un mode de vie sain.
-
Pensez à bien vous hydrater tout au long de la journée. Boire environ 1,5 L d'eau par jour.
-
Examinez vos pieds quotidiennement, traitez rapidement d'éventuelles blessures. Portez des chaussures confortables et adaptées.
-
Arrêtez de fumer impérativement. Le tabac accroît les risques de complications.
-
Prenez correctement votre traitement, n'hésitez pas à noter vos doses d'insuline. Respectez les indications de votre médecin.
-
Faites contrôler votre vue, vos reins et votre circulation sanguine annuellement. Dépistez rapidement d'éventuelles complications.
-
Accordez-vous des moments de détente, gérez votre stress. Le diabète peut être source d'anxiété, n'hésitez pas à en parler.
-
Informez votre entourage sur les mesures d'urgence en cas d'hypoglycémie sévère (glucagon, sucre). Demandez-leur de l'aide si besoin.
-
Continuez à plaisir à avoir une vie sociale et amicale normale. Le diabète ne doit pas être un frein.
-
Adhérez à une association de patients diabétiques. Échanger avec des pairs est précieux.
-
Restez positif ! Avec une prise en charge adaptée, il est tout à fait possible de mener une vie épanouie avec un diabète de type 2.
-
Consultez des professionnels différents : médecin traitant, diabétologue, podologue, diététicien(ne), psychologue...
-
Surveillez l'apparition éventuelle de complications mais sans dramatiser. La majorité sont évitables.
-
Ayez toujours sur vous votre carte de diabétique, un sucrage d'urgence et votre matériel d'injection si besoin.
En adoptant ces réflexes au quotidien tout en restant positif, il est possible de vivre pleinement avec un diabète de type 2. N'hésitez pas à demander conseil à vos médecins.
Le rôle infirmier dans la prise en charge du diabète de type 2
Les infirmiers et infirmières jouent un rôle crucial dans l'accompagnement et les soins apportés aux patients diabétiques de type 2. Leurs missions sont multiples tout au long du parcours de soins.
Le dépistage
Les infirmiers peuvent participer activement au dépistage du diabète de type 2, en réalisant des tests de glycémie capillaire chez les patients à risque présentant des facteurs de risque (obésité, antécédents familiaux...). Ils orientent ensuite les patients vers le médecin en cas de test positif.
L'éducation thérapeutique
L'éducation du patient à la gestion de sa maladie est l'une des pierres angulaires de la prise en charge infirmière du diabète de type 2. Les infirmiers dispensent des connaissances sur :
- L'autosurveillance glycémique et l'interprétation des résultats.
- L'adaptation des doses d'insuline ou d'antidiabétiques oraux.
- L'alimentation et l'activité physique recommandées.
- La prévention des complications aigues (hypoglycémies) et chroniques.
- La conduite à tenir en cas d'hyper/hypoglycémie.
- Les soins des pieds...
Ces séances d'éducation thérapeutique, individuelles ou collectives, visent à rendre le patient autonome dans la gestion au long cours de son diabète.
L'administration des traitements
Les infirmiers peuvent être amenés à initier et adapter les doses d'insuline selon les consignes du médecin. Ils administrent également les autres traitements : antidiabétiques oraux, antihypertenseurs...
Ils surveillent la survenue d'éventuels effets indésirables.
Le suivi médical
Au cours des visites à domicile, les infirmiers contrôlent régulièrement :
- La glycémie capillaire.
- La tension artérielle.
- Le poids.
Ils vérifient l'observance des traitements et le respect des règles hygiéno-diététiques. Les infirmiersconstituent un maillon essentiel dans la coordination des soins.
Les soins de prévention
Les infirmiers rappellent l'importance du suivi médical régulier avec fond d'œil, bilan dentaire, podologique, exploration des pieds à la recherche de lésions...
Ils prodiguent également des soins de prévention primaire chez les patients à risque : sevrage tabagique, vaccination, rééquilibrage alimentaire...
Grâce à leur rôle central dans l'éducation thérapeutique, le suivi régulier et la coordination des soins, les infirmiers améliorent significativement la qualité de vie et le contrôle métabolique des patients diabétiques de type 2.
Conclusion
Le diabète de type 2 est une maladie métabolique fréquente, qui touche plus de 5% de la population adulte en France. S'il ne peut être guéri, il se contrôle dans la grande majorité des cas par des mesures hygiéno-diététiques et des traitements adaptés. Une surveillance régulière et la prévention des complications permettent aux patients diabétiques de conserver une bonne qualité de vie. Les recherches se poursuivent pour mettre au point de nouvelles thérapeutiques plus efficaces contre cette pathologie chronique.
Sources
-
Site de la Mayo Clinic : mayoclinic
-
Haute Autorité de Santé : has-sante
-
Vidal : vidal
-
Article The Lancet 2020 : thelancet