Allergie aux protéines du lait de vache

lait de vache

L'allergie aux protéines du lait de vache (APLV) est une réaction anormale du système immunitaire à certaines protéines présentes dans le lait de vache ou dans les produits laitiers. Elle se manifeste par des symptômes variés, qui peuvent toucher la peau, le tube digestif ou les voies respiratoires. L'APLV est l'une des allergies alimentaires les plus fréquentes chez le nourrisson, touchant environ 2 à 3 % des enfants de moins de 3 ans [1]. Elle peut avoir des conséquences importantes sur la croissance, le développement et la qualité de vie des enfants et de leur famille. Comment reconnaître l'APLV ? Quels sont les traitements possibles ? Quelles sont les précautions à prendre pour éviter les réactions allergiques ? Voici quelques éléments de réponse.

Qu'est-ce que l'APLV ?

L'APLV est une maladie qui se caractérise par une sensibilisation du système immunitaire à certaines protéines du lait de vache, appelées allergènes. Ces protéines sont principalement la caséine, l'alpha-lactalbumine et la bêta-lactoglobuline. Lorsque l'enfant allergique consomme du lait de vache ou un produit dérivé, son organisme produit des anticorps spécifiques, appelés immunoglobulines E (IgE), qui se fixent sur des cellules spécialisées, les mastocytes. Ces cellules libèrent alors des substances inflammatoires, comme l'histamine, qui provoquent les symptômes de l'allergie.

L'APLV peut se manifester de deux façons différentes, selon le type de réaction immunitaire impliquée:

  • La réaction IgE-dépendante : elle survient rapidement, généralement dans les minutes ou les heures qui suivent l'ingestion de l'allergène. Elle se traduit par des signes cutanés (urticaire, eczéma, œdème), digestifs (vomissements, diarrhée, douleurs abdominales) ou respiratoires (rhinite, conjonctivite, asthme). Dans les cas les plus graves, elle peut entraîner un choc anaphylactique, qui est une urgence vitale.
  • La réaction non IgE-dépendante : elle est plus tardive, pouvant apparaître plusieurs heures ou jours après l'exposition à l'allergène. Elle se manifeste surtout par des troubles digestifs chroniques, comme une diarrhée persistante, une perte de poids, une anémie ou une entéropathie exsudative (perte excessive de protéines dans l'intestin).

Il existe également des formes mixtes, associant les deux types de réaction.

Comment diagnostiquer l'APLV ?

Le diagnostic de l'APLV repose sur trois éléments :

  • L'interrogatoire : il permet de recueillir les antécédents familiaux d'allergie, le mode d'alimentation du nourrisson (allaitement maternel ou artificiel), le délai d'apparition et la nature des symptômes après l'ingestion de lait ou de produits laitiers.
  • Les tests cutanés : ils consistent à déposer une goutte d'extrait allergénique sur la peau du bras ou du dos de l'enfant, puis à pratiquer une petite piqûre à travers la goutte. Si l'enfant est allergique, il va apparaître une rougeur et un gonflement au niveau du site de piqûre. Ces tests permettent de confirmer une réaction IgE-dépendante, mais pas une réaction non IgE-dépendante.
  • Le dosage des IgE spécifiques : il s'agit d'une prise de sang qui permet de mesurer le taux d'anticorps dirigés contre les protéines du lait de vache. Il est utile en cas de tests cutanés négatifs ou non réalisables.

Le diagnostic définitif repose sur le test de provocation orale (TPO), qui consiste à administrer progressivement à l'enfant des doses croissantes de lait de vache sous surveillance médicale, et à observer l'apparition ou non de symptômes. Ce test est le seul à pouvoir confirmer ou infirmer une réaction non IgE-dépendante. Il doit être réalisé dans un centre spécialisé, car il comporte un risque de réaction sévère.

Comment traiter l'APLV ?

Le traitement de l'APLV repose sur l'éviction stricte du lait de vache et de ses dérivés dans l'alimentation de l'enfant. Il existe des substituts adaptés, comme les hydrolysats poussés de protéines (lait HA), qui sont des laits dont les protéines ont été fractionnées pour les rendre moins allergisantes, ou les préparations à base d'acides aminés, qui sont des laits totalement exempts de protéines. Ces laits doivent être prescrits par un médecin et remboursés par la sécurité sociale.

Si l'enfant est allaité, la mère doit également suivre un régime d'éviction du lait de vache, car les protéines peuvent passer dans le lait maternel. Elle doit être conseillée par un diététicien ou un nutritionniste pour éviter les carences.

L'éviction du lait de vache doit être maintenue pendant au moins 6 mois, puis réévaluée par un TPO. La plupart des enfants guérissent spontanément de leur APLV avant l'âge de 3 ans, mais certains peuvent rester allergiques plus longtemps.

En cas de réaction allergique accidentelle, il faut administrer rapidement à l'enfant un traitement d'urgence, qui comprend :

  • De l'adrénaline injectable, qui permet de contrer les effets de l'histamine et de rétablir la circulation sanguine. Il existe des stylos auto-injecteurs (Anapen®, Epipen®) qui doivent être prescrits par le médecin et toujours disponibles à proximité de l'enfant.
  • Un antihistaminique, qui soulage les démangeaisons et les éruptions cutanées.
  • Un corticoïde, qui diminue l'inflammation.

Il faut également appeler le 15 ou le 18 et conduire l'enfant aux urgences pour une surveillance médicale.

Comment prévenir l'APLV ?

La prévention de l'APLV repose sur quelques mesures simples :

  • Favoriser l'allaitement maternel exclusif pendant au moins 4 mois, car il diminue le risque d'allergie chez le nourrisson.
  • Introduire progressivement les aliments diversifiés à partir de 6 mois, en commençant par les fruits et les légumes, puis les céréales, les viandes et les poissons. Le lait de vache peut être introduit vers 9 mois, en commençant par des petites quantités (une cuillère à café) et en augmentant progressivement.
  • Éviter les produits laitiers non adaptés au nourrisson, comme le lait entier, le fromage ou le yaourt, avant l'âge d'un an.
  • Éviter le tabagisme passif pendant la grossesse et après la naissance, car il augmente le risque d'allergie chez l'enfant.

Conclusion

L'allergie aux protéines du lait de vache est une maladie fréquente chez le nourrisson, qui peut avoir des conséquences graves sur sa santé et son développement. Elle nécessite un diagnostic précoce et un traitement adapté, basé sur l'éviction du lait de vache et ses dérivés. Elle impose également une vigilance constante pour éviter les réactions allergiques accidentelles, qui peuvent être fatales. Heureusement, la plupart des enfants guérissent spontanément de leur APLV avant l'âge de 3 ans.


Sources:
  • Société Française d'Allergologie. Allergie aux protéines du lait de vache chez le nourrisson : diagnostic et prise en charge [Internet]. [cité 2023 août 27]. Disponible sur : [1]
  • ANSES. Allergies alimentaires [Internet]. [cité 2023 août 27]. Disponible sur : [2]
  • Association Française pour la Prévention des Allergies (AFPRAL). Allergie aux protéines du lait de vache chez le nourrisson [Internet]. [cité 2023 août 27]¹[1]. Disponible sur : [3]
  • Haute Autorité de Santé (HAS). Allergie aux protéines du lait de vache chez le nourrisson - Fiche mémo [Internet]. [cité 2023 août 27]. Disponible sur : [4]
  • Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM). Allergie alimentaire : quels sont les mécanismes en jeu ? [Internet]. [cité 2023 août 27]. Disponible sur : [5]
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