L'adénocarcinome est un type de cancer qui se développe à partir de cellules glandulaires des tissus épithéliaux. Bien qu'il puisse se former dans différents organes comme les poumons, le pancréas, la prostate ou les ovaires, l'adénocarcinome du côlon est le plus fréquent. Dans cet article destiné aux étudiants et professionnels du milieu médical et paramédical, nous allons explorer en détails les causes, symptômes, moyens de diagnostic et traitements de l'adénocarcinome.
I. Définition et généralités sur l'adénocarcinome
L'adénocarcinome est une tumeur maligne qui se développe à partir de cellules glandulaires épithéliales. Ces cellules tapissent de nombreux organes internes et externes tels que les poumons, le pancréas, le côlon, la prostate ou les ovaires.
Lorsque des mutations génétiques s'accumulent dans ces cellules glandulaires, elles commencent à se multiplier de manière anarchique, formant une masse cancéreuse appelée tumeur. Avec le temps, ces cellules cancéreuses peuvent essaimer vers d'autres organes, formant alors des métastases à distance.
Parmi les caractéristiques de l'adénocarcinome, on peut citer :
- Origine dans les cellules glandulaires épithéliales
- Croissance généralement lente
- Tendance à former des glandes ou des structures glandulaires atypiques
- Potentiel à former des métastases
Les facteurs de risque incluent l'âge avancé, certains antécédents familiaux, l'exposition à des substances cancérigènes, ou des maladies prédisposantes comme les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin.
L'adénocarcinome peut se développer dans de nombreux organes, mais les localisations les plus fréquentes sont :
- Le côlon : c'est l'adénocarcinome le plus fréquent, aussi appelé cancer colorectal.
- Le pancréas : l'adénocarcinome pancréatique est malheureusement de mauvais pronostic.
- Le poumon : l'adénocarcinome représente environ 40% des cancers du poumon.
- La prostate : c'est le type de cancer de la prostate le plus courant.
- Le sein : il constitue la majorité des cancers du sein.
- L'endomètre : il s'agit du cancer de l'utérus le plus fréquent.
Dans la suite de cet article, nous allons nous concentrer plus particulièrement sur l'adénocarcinome colorectal, en détaillant les causes, les symptômes, le diagnostic et les traitements.
II. Causes et facteurs de risque de l'adénocarcinome colorectal
L'adénocarcinome colorectal se développe à partir de la muqueuse qui tapisse le côlon et le rectum. Bien que les causes exactes ne soient pas totalement élucidées, plusieurs facteurs de risque ont été identifiés.
1. L'âge
Le risque de développer un adénocarcinome colorectal augmente avec l'âge. Plus de 90% des cas surviennent après 50 ans.
2. Les antécédents familiaux et personnels
- Avoir des antécédents familiaux de cancer colorectal augmente le risque, en particulier si un parent au premier degré a été touché avant 60 ans.
- Avoir déjà eu un adénocarcinome du côlon multiplie par trois le risque d'en développer un nouveau.
- Certaines maladies génétiques rares comme la polypose adénomateuse familiale prédisposent fortement au cancer colorectal.
3. L'alimentation
- Une alimentation riche en viande rouge et charcuterie pourrait accroître les risques.
- A l'inverse, une alimentation riche en fibres végétales, fruits et légumes semble protectrice.
4. Le mode de vie
- La sédentarité et l'obésité sont des facteurs de risque reconnus.
- La consommation d'alcool et de tabac augmentent aussi les risques de manière significative.
5. Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin
Les patients atteints de maladie de Crohn ou de rectocolite hémorragique ont un risque plus élevé de développer un cancer colorectal.
6. Autres facteurs
Le diabète de type 2, un déficit en vitamine D, ou l'exposition à certains produits chimiques sont aussi des facteurs de risque potentiels.
III. Symptômes de l'adénocarcinome colorectal
Les symptômes de l'adénocarcinome colorectal peuvent être discrets au début, d'où l'importance du dépistage régulier après 50 ans. Les signes les plus fréquents sont :
- Des saignements rectaux ou la présence de sang rouge dans les selles. C'est souvent le premier signe.
- Une modification du transit intestinal avec une alternance de constipation et de diarrhée.
- Des crampes ou douleurs abdominales fréquentes.
- Une sensation de vidange incomplète après être allé à selle.
- Une masse ou une grosseur au niveau de l'abdomen.
- Une fatigue chronique ou une perte de poids inexpliquée.
- Dans les stades avancés : une occlusion intestinale ou un sub-occlusion.
Toute rectorragie survenant après 50 ans ou persistant plus de 10 à 15 jours doit conduire rapidement à une consultation médicale. Seul un examen approfondi permettra d'en déterminer l'origine et d'éliminer la piste d'un cancer colorectal.
IV. Diagnostic de l'adénocarcinome colorectal
Le diagnostic de l'adénocarcinome colorectal repose sur plusieurs examens successifs :
1. L'interrogatoire et l'examen clinique
Le médecin interroge le patient sur ses antécédents personnels et familiaux, ses symptômes et facteurs de risque. Puis il réalise un toucher rectal pour sentir d'éventuelles masses.
2. Le test de recherche de sang occulte dans les selles
Ce test non invasif détecte la présence de quantités infimes de sang dans les selles, invisibles à l'œil nu. S'il est positif, d'autres examens seront nécessaires.
3. La coloscopie
Il s'agit de l'examen clé pour visualiser la muqueuse colique et rectale, et y détecter d'éventuelles lésions suspectes. Des biopsies sont réalisées si nécessaire.
4. L'examen anatomo-pathologique
L'analyse des prélèvements biopsiques au microscope permet de poser le diagnostic formel d'adénocarcinome et de déterminer son type histologique.
5. Le bilan d'extension
Des examens d'imagerie comme le scanner thoraco-abdomino-pelvien ou l'IRM, et parfois une TEP-scan, sont réalisés pour détecter d'éventuelles métastases.
6. La détermination du stade
En combinant les résultats de tous ces examens, les médecins déterminent le stade du cancer (stade I à IV) selon la classification TNM. Ce stade guide le choix des traitements.
V. Traitements de l'adénocarcinome colorectal
Plusieurs options thérapeutiques sont possibles en fonction du stade du cancer, de sa localisation et de l'état général du patient :
1. La chirurgie
Elle permet d'exciser la tumeur et les ganglions lymphatiques atteints. Selon la localisation, il peut s'agir :
- d'une colectomie segmentaire (ablation partielle du côlon)
- d'une colectomie totale avec anastomose iléo-rectale
- d'une résection antérieure du rectum
- d'une amputation abdominopérinéale du rectum
Une stomie digestive provisoire ou définitive est parfois nécessaire.
2. La chimiothérapie
Elle utilise des médicaments cytotoxiques pour détruire les cellules cancéreuses. Elle peut être administrée :
- Avant la chirurgie pour réduire la tumeur (chimiothérapie néo-adjuvante).
- Après la chirurgie pour éliminer les micro-métastases (chimiothérapie adjuvante).
- Seule en traitement palliatif des formes métastatiques.
Les protocoles associent le plus souvent 5-fluorouracile, oxaliplatine et irinotécan.
3. La radiothérapie
Des rayons sont utilisés pour détruire les cellules cancéreuses, en complément de la chirurgie dans les formes localement avancées. Elle permet aussi de soulager certains symptômes.
4. Les thérapies ciblées
Des médicaments comme le bévacizumab ou le cétuximab ciblent certains mécanismes de croissance des cellules cancéreuses. Ils sont parfois associés à la chimiothérapie.
5. L'immunothérapie
Certains médicaments stimulent les défenses immunitaires pour lutter contre les cellules cancéreuses. Des recherches prometteuses sont en cours dans le cancer colorectal.
VI. Pronostic de l'adénocarcinome colorectal
Malgré les progrès thérapeutiques, le pronostic de l'adénocarcinome colorectal dépend beaucoup du stade au diagnostic :
- Stade I : le taux de survie à 5 ans est supérieur à 90%.
- Stade II : le taux de survie à 5 ans est d'environ 80%.
- Stade III : le taux de survie à 5 ans est compris entre 50 et 80%.
- Stade IV métastatique : le taux de survie médian est de l'ordre de 30 mois.
Un diagnostic précoce et un bilan d'extension méticuleux sont donc essentiels pour optimiser les chances de guérison. Après traitement, une surveillance régulière est nécessaire du fait du risque de récidive.
Conclusion
L'adénocarcinome colorectal est un cancer fréquent dont l'incidence ne cesse d'augmenter, notamment en raison du vieillissement de la population et de l'évolution des habitudes alimentaires.
Bien que de nombreux progrès aient été accomplis dans son traitement, la prévention et le dépistage précoce restent de loin les meilleures armes pour faire reculer la mortalité.
Une alimentation équilibrée, la pratique d'une activité physique régulière et le dépistage par coloscopie des patients à risque permettent souvent de détecter les cancers à un stade curable.
L'information du public sur les facteurs de risque et les signes évocateurs doit aussi être renforcée, pour que chacun puisse adopter les bons réflexes et consulter sans tarder en cas de symptômes suspects. Une vigilance partagée entre patients et professionnels de santé permet d'améliorer nettement le pronostic de ce cancer trop souvent redouté.
Sources:
- Adénocarcinome colorectal. Haute Autorité de Santé
- Adénocarcinome colique. Fondation Unicancer
- Adénocarcinome pancréatique. Institut National du Cancer
- Key Statistics for Colorectal Cancer. American Cancer Society
- Adénocarcinome pulmonaire. Docteur Clic