L'infarctus du myocarde : causes, symptômes, traitements et prévention

L'infarctus du myocarde, communément appelé crise cardiaque, est une pathologie cardiovasculaire grave qui touche de nombreuses personnes chaque année. Selon l'Inserm, environ 120 000 infarctus du myocarde surviennent chaque année en France. Bien que les traitements aient beaucoup progressé ces dernières années, l'infarctus du myocarde reste une des premières causes de mortalité dans les pays industrialisés.

L'infarctus du myocarde

Dans cet article, nous allons tout vous expliquer sur l'infarctus du myocarde : ses causes, ses facteurs de risque, ses symptômes, les examens de diagnostic, les traitements médicamenteux et chirurgicaux, ainsi que les moyens de prévention. Nous nous appuierons sur des études récentes montrant le lien entre la pollution de l'air et les canicules, et l'augmentation des infarctus.

Qu'est-ce que l'infarctus du myocarde ?

L'infarctus du myocarde, ou crise cardiaque, correspond à la nécrose d'une partie du muscle cardiaque, le myocarde, consécutive à un arrêt brutal de l'irrigation sanguine. En d'autres termes, une zone du cœur ne reçoit plus assez de sang et d'oxygène pour fonctionner correctement.

Cet arrêt de l'irrigation sanguine est le plus souvent provoqué par l'obstruction d'une artère coronaire, vaisseau sanguin qui alimente le cœur en oxygène et en nutriments. Cette obstruction est causée par la formation d'un caillot de sang, également appelé thrombus, qui bouche l'artère.

Sans apport sanguin, les cellules du myocarde situées en aval du caillot meurent rapidement, d'où la nécrose cardiaque. Plus cette zone privée d'oxygène est étendue, plus l'infarctus est sévère et risque d'engager le pronostic vital.

Quelles sont les causes de l'infarctus du myocarde ?

Plusieurs facteurs peuvent être à l'origine d'un infarctus du myocarde :

L'athérosclérose

L'athérosclérose est la première cause d'infarctus du myocarde. Il s'agit du durcissement et du rétrécissement des artères provoqué par l'accumulation de plaques d'athérome (dépôts de graisses) sur la paroi interne des vaisseaux sanguins. Ces plaques fragilisent et obstruent progressivement les artères coronaires qui irriguent le cœur.

Le caillot à l'origine de l'infarctus se forme le plus souvent sur une plaque d'athérome instable qui se fracture ou s'ulcère.

Un spasme des artères coronaires

Un spasme, c'est-à-dire une contraction brutale et intense d'une artère coronaire, peut également provoquer un infarctus en arrêtant transitoirement la circulation sanguine. Ce spasme coronaire survient plus fréquemment chez les fumeurs.

Une embolie coronaire

L'embolie coronaire correspond à l'obstruction d'une artère coronaire par un embole, c’est-à-dire un caillot sanguin qui s'est formé dans le cœur ou dans les vaisseaux sanguins avant de migrer et de se bloquer dans une artère coronaire.

Une dissection des artères coronaires

Une dissection artérielle est une déchirure de la paroi interne d'une artère coronaire. Cette brèche va progressivement obstrue l'artère et provoquer un infarctus. Les dissections coronaires sont favorisées par l'hypertension artérielle.

Quels sont les facteurs de risque de l'infarctus du myocarde ?

Certains facteurs augmentent le risque de survenue d'un infarctus du myocarde :

  • L'âge : Le risque d'infarctus augmente après 45 ans chez l'homme, et après 55 ans chez la femme, avec un pic d'incidence vers 65-70 ans.

  • Le tabagisme : Fumer multiplie par 3 le risque d'infarctus.

  • L'hypertension artérielle : Une pression artérielle élevée accélère le développement de l'athérosclérose.

  • L'hypercholestérolémie : Un taux de mauvais cholestérol (LDL) élevé favorise les dépôts d'athérome.

  • Le diabète : Le diabète multiplie par 3 à 4 le risque d'infarctus chez l'homme, et par 5 à 8 chez la femme.

  • L'obésité abdominale : L'excès de graisses abdominales favorise l'athérosclérose.

  • La sédentarité : L'inactivité physique est un facteur de risque cardiovasculaire.

  • Les antécédents familiaux d'infarctus ou d'accident vasculaire cérébral (AVC)

  • Le stress psycho-social : Le stress chronique serait impliqué dans 50% des infarctus.

Quels sont les symptômes de l'infarctus du myocarde ?

Les principaux symptômes de l'infarctus du myocarde sont :

  • Une douleur dans la poitrine (angine de poitrine) : Il s'agit du symptôme le plus fréquent de l'infarctus. Cette douleur, généralement localisée au milieu de la poitrine, peut irradier vers le bras gauche, la mâchoire, le dos ou l'épaule gauche. Elle est décrite comme un serrement, une brûlure ou une sensation de poids sur la poitrine.

  • Des difficultés respiratoires : elles peuvent se manifester par un essoufflement ou une sensation d'oppression thoracique.

  • Des sueurs froides.

  • Des nausées ou vomissements.

  • Une grande fatigue.

  • Une anxiété inexplicable.

Chez certaines personnes, notamment les diabétiques, l'infarctus peut survenir sans douleur dans la poitrine. On parle alors d'infarctus silencieux, ce qui rend le diagnostic plus difficile.

La douleur de l'infarctus dure au minimum 15 à 20 minutes, et ne diminue pas avec la prise de trinitrine (médicament anti-angineux).

Plus les symptômes apparaissent brutalement et intensément, plus le risque d'infarctus étendu est élevé.

Quels sont les examens pour diagnostiquer un infarctus ?

Devant des symptômes évocateurs d'infarctus du myocarde, il est impératif d'appeler le 15 sans attendre afin de bénéficier d'une prise en charge médicale d'urgence.

Les examens diagnostiques de l'infarctus sont :

  • L'électrocardiogramme (ECG) : c'est l'examen clé pour confirmer le diagnostic d'infarctus. Il permet de visualiser les modifications électriques caractéristiques du muscle cardiaque souffrant.

  • Le dosage des marqueurs cardiaques dans le sang, comme la troponine, qui sont libérés par les cellules du coeur lésées.

  • L'échocardiographie : cet examen d'imagerie permet de visualiser le muscle cardiaque et d'évaluer l'étendue des lésions.

  • La coronarographie : il s'agit d'une angiographie des artères coronaires permettant de visualiser le vaisseau bouché à l'origine de l'infarctus, et d'envisager les gestes de désobstruction.

Quels sont les traitements de l'infarctus du myocarde ?

La prise en charge de l'infarctus du myocarde comporte deux volets : le traitement de la phase aigüe et le traitement à long terme pour prévenir les récidives.

Le traitement de la phase aigüe

L'objectif est de désobstruer l'artère coronaire bouchée le plus rapidement possible afin de limiter l'étendue des lésions cardiaques.

Deux techniques sont utilisées :

  • L'angioplastie coronaire (ou ACTP) : cette technique de revascularisation consiste à dilater à l'aide d'un ballonnet l'artère obstruée, et à y poser un stent (petit ressort) pour la maintenir ouverte.

  • La thrombolyse : il s'agit de l'injection intraveineuse de médicaments thrombolytiques qui vont dissoudre le caillot à l'origine de l'obstruction coronaire. La thrombolyse est indiquée en cas de contre-indication à l'angioplastie ou si le délai de transfert pour une angioplastie est trop long.

Le traitement médicamenteux associe généralement :

  • des anticoagulants pour fluidifier le sang et éviter la formation de nouveaux caillots
  • des antiagrégants plaquettaires pour empêcher l'agrégation des plaquettes
  • des antalgiques pour soulager la douleur
  • des bêtabloquants pour réduire la consommation d'oxygène du cœur

Le traitement à long terme

Après la phase aigüe, un traitement au long cours est instauré pour :

  • Prévenir le risque de récidive d'infarctus
  • Traiter les facteurs de risque cardiovasculaire
  • Prévenir l'évolution vers l'insuffisance cardiaque
  • Améliorer le pronostic vital

Ce traitement de fond repose sur :

  • la prise d'antiagrégants plaquettaires pour fluidifier le sang
  • des médicaments hypolipémiants pour normaliser le taux de lipides sanguins
  • des médicaments antihypertenseurs si hypertension artérielle
  • des antidiabétiques si diabète
  • l'arrêt du tabac
  • la pratique d'une activité physique régulière
  • la correction des mauvaises habitudes alimentaires.

Une rééducation cardiaque est également proposée après un infarctus pour réadapter progressivement l'organisme à l'effort.

Dans certains cas, lorsque les lésions sont très étendues, une intervention chirurgicale de revascularisation coronaire, le pontage coronarien, est nécessaire.

Quelles sont les complications de l'infarctus du myocarde ?

L'infarctus du myocarde peut entraîner plusieurs complications :

  • L'insuffisance cardiaque : la perte de la contractilité du muscle cardiaque suite aux lésions nécrotiques peut altérer la fonction de pompe du cœur et provoquer une insuffisance cardiaque.

  • Les troubles du rythme ventriculaire : la cicatrisation de la zone infarcie peut provoquer des troubles du rythme cardiaque (tachycardie ventriculaire, fibrillation ventriculaire), pouvant entraîner une mort subite.

  • La rupture du muscle cardiaque : elle survient dans les premiers jours et constitue une complication gravissime responsable d'un taux de mortalité élevé.

  • Le choc cardiogénique : il s'agit d'une défaillance sévère de la pompe cardiaque pouvant conduire à un état de choc. C'est une urgence vitale.

  • L'embolie pulmonaire : la formation d'un caillot dans le cœur suite à l'infarctus peut migrer et boucher une artère pulmonaire, provoquant une embolie.

  • La rupture d'un anévrisme ventriculaire : il s'agit d'une complication tardive due à la formation d'une poche au niveau de la zone infarcie fragile.

  • La thrombose de la prothèse (stent) : un caillot peut se reformer dans la prothèse placée au niveau de l'artère coronaire obstruée, entraînant une nouvelle occlusion.

Quels sont les facteurs de risque d'infarctus liés à la pollution ?

Des études récentes mettent en évidence un lien entre la pollution atmosphérique et l'augmentation du risque d'infarctus du myocarde.

D'après une étude américaine publiée en 2022 dans la revue JAMA, l'exposition à long terme à la pollution de l'air ambiant est associée à un risque accru d'infarctus du myocarde et d'accident vasculaire cérébral ischémique.

Les principaux polluants incriminés sont :

  • Les particules fines PM 2,5 : issues principalement de la combustion des énergies fossiles (transport routier, chauffage, industrie), elles pénètrent profondément dans les voies respiratoires et passent dans le sang. Les PM 2,5 favoriseraient l'inflammation, le stress oxydatif, la coagulation et l'athérosclérose.

  • Le dioxyde d'azote : ce gaz toxique issu des moteurs diesel accentue le risque de spasme des artères coronaires.

  • L'ozone : polluant secondaire qui se forme sous l'effet du rayonnement solaire, il aurait des effets pro-inflammatoires et pro-coagulants.

Quel est l'impact des canicules sur le risque d'infarctus ?

La survenue d'une canicule, c'est-à-dire de températures anormalement élevées pendant plusieurs jours, majore significativement le risque d'infarctus du myocarde.

Une récente étude parue dans la revue The Lancet Planetary Health en mars 2022 a analysé les données de santé de several millions d'habitants de 567 villes de 9 pays, dont la France, sur une période de 40 ans.

Les résultats sont sans appel : durante los días de canícula, el riesgo de infarto de miocardio aumenta hasta un 4,5% por cada grado que aumenta la temperatura máxima.

Cet excès de risque serait lié à plusieurs phénomènes :

-Le stress cardiovasculaire provoqué par l'augmentation de la température corporelle

-La déshydratation par pertes hydriques excessives

-L'hypercoagulabilité sanguine

-L'altération de la fonction endothéliale des vaisseaux

-L'augmentation de la pollution atmosphérique en période de canicule

L'association canicule et forte pollution semble créer un cocktail délétère. Selon l'étude parue dans The Lancet Planetary Health, le nombre d’infarctus du myocarde augmente de 4,5 % pour chaque degré Celsius supplémentaire lors d’un pic de chaleur. Mais en cas de fort taux de pollution le jour de la canicule, ce sur-risque grimpe à 7,3 % par degré Celsius en plus.

Ces résultats confirment que les vagues de chaleur et la pollution de l'air exacerbent les effets délétères de chacun de ces facteurs de risque.

Que faire en cas de canicule pour limiter les risques d'infarctus ?

Le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) rappelle les mesures de prévention à adopter par la population en cas de canicule, afin de réduire les risques sanitaires :

  • Buvez beaucoup d'eau (1,5 L d'eau par jour minimum) même sans soif pour vous hydrater

  • Rafraîchissez-vous et mouillez-vous le corps plusieurs fois par jour

  • Evitez de sortir aux heures les plus chaudes (11h-21h)

  • Maintenez votre logement le plus frais possible en fermant les fenêtres et volets le jour

  • Evitez les efforts physiques intenses et prolongés en extérieur

  • Ne consommez pas d'alcool qui altère les capacités de thermorégulation

  • Consommez des fruits et légumes riches en eau pour vous hydrater

  • Si vous devez prendre la route, emportez de l'eau en quantité suffisante

  • Continuez à respecter les gestes barrières et le port du masque contre la Covid-19

Les personnes fragiles (nourrissons, personnes âgées, femmes enceintes, malades chroniques) sont particulièrement à risque et doivent redoubler de vigilance. N'hésitez pas à demander de l'aide à vos proches en cas de besoin.

Que faire en cas de pic de pollution ?

En cas d’épisode de pollution atmosphérique, il est recommandé de :

  • Éviter les activités physiques et sports intenses en extérieur qui augmentent le volume d'air inhalé

  • Privilégier les activités modérées à l’intérieur

  • Ne pas aggraver les effets de la pollution en fumant ou en utilisant des bougies/encens

  • Eviter les zones à fort trafic routier pour vos déplacements

  • Favoriser si possible le télétravail et les modes de déplacements doux

  • Aérer votre logement 10 minutes par jour pendant la pollution

  • Consulter votre médecin en cas d’aggravation des symptômes respiratoires ou cardiaques

Les personnes sensibles (nourrissons, femmes enceintes, personnes âgées, asthmatiques) doivent être particulièrement vigilantes.

En conclusion

L'infarctus du myocarde reste un enjeu de santé publique majeur. Sa prévention est possible en agissant sur les facteurs de risque modifiables. Les épisodes de canicule et de pollution atmosphérique accroissent le risque d'infarctus, mais des gestes simples permettent d'en limiter les effets. En cas de symptômes évocateurs, il est impératif d'appeler rapidement les secours pour augmenter ses chances de survie.

Sources:

  • Infarctus du myocarde. Inserm.
  • Air Pollution and Cardiovascular Disease: JACC Review Topic of the Week. JAMA. 2022;327(11):1046–1056. doi:10.1001/jama.2022.2096
  • Extreme heat and air pollution: a dangerous mix for your heart. The Lancet Planetary Health, Volume 6, Issue 3, E253-E254.
  • Impact de la pollution de l'air sur la santé. Ministère de la Transition écologique.
  • Hypercholestérolémie. Passeport Santé.
  • Canicule : les bons réflexes. Santé Publique France. 
  • - Pollution de l’air : quel impact sur ma santé ? ameli.fr
  • Indice de masse corporelle (IMC).

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