La dépression est une maladie fréquente et invalidante qui évolue par étapes successives. Identifier et comprendre ces phases est essentiel pour améliorer la prise en charge des patients. Dans cet article exhaustif, nous allons passer en revue Les 7 phases de la dépression.
1 - La vulnérabilité sous-jacente
Certaines personnes présentent une prédisposition à développer un épisode dépressif. Cette vulnérabilité latente constitue la première phase du trouble. Elle résulte de facteurs biologiques et psychologiques.
Une vulnérabilité biologique
Sur le plan physiologique, certains individus ont une vulnérabilité liée à des anomalies de neurotransmetteurs :
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Une insuffisance de sérotonine, neurotransmetteur impliqué dans la régulation de l'humeur.
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Un déficit en noradrénaline, associée à l'énergie et à la vigilance.
Ces dysfonctionnements génétiques et biochimiques du cerveau créent un terrain favorable à l'émergence d'épisodes dépressifs, en particulier sous l'effet du stress.
Des traumatismes infantiles
Les traumatismes durant l'enfance représentent un autre facteur de risque puissant :
Négligences affectives, carences éducatives
Maltraitance psychologique, physique ou sexuelle
Abus, violences intra-familiales
Deuils, abandons, placements
Une récente étude du Journal of Affective Disorders (2022) indique que les adultes ayant vécu des traumatismes infantiles ont 2 à 5 fois plus de risques de souffrir de dépression.
Ces expériences difficiles laissent des séquelles psychologiques qui rendent vulnérable face au stress.
Une prédisposition silencieuse
Cette vulnérabilité peut rester totalement silencieuse pendant des années, voire des décennies. Le sujet ne présente aucun symptôme, jusqu'à ce qu'un facteur déclencheur active ce terrain latent.
2 - L'élément déclencheur
Vient ensuite l'événement déclencheur, souvent un événement de vie stressant, qui va précipiter l'entrée dans la dépression d'un sujet prédisposé.
Les principaux déclencheurs
Parmi les déclencheurs les plus fréquents :
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Un deuil
- Décès d'un proche
- Séparation, divorce
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Une perte
- Licenciement, faillite
- Retraite
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Une maladie
- Cancer
- Maladie chronique
- Handicap
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Un traumatisme
- Accident
- Agression
- Catastrophe
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Une situation de vie difficile
- Solitude, isolement
- Conflits relationnels
- Difficultés financières
Un facteur déclenchant chez les sujets à risque
Chez un individu présentant une vulnérabilité sous-jacente, de tels événements stressants provoquent des modifications neurobiologiques qui déclenchent la spirale dépressive.
Les gènes interagissent avec l'environnement : le terrain biologique et psychologique se combine au facteur de stress aigu. C'est la théorie diathèse-stress.
3 - L'installation des principaux symptômes
Suite au facteur déclenchant survient la phase d'installation des principaux symptômes de l'épisode dépressif :
Une humeur dépressive
- Tristesse pathologique
- Pleurs fréquents
- Désespoir
- Sentiment de vide interne
Une perte de plaisir et d'intérêt
- Anhédonie : rien n'apporte de plaisir
- Désintérêt pour les activités habituellement agréables
- Indifférence générale
Une fatigue
- Asthénie majeure
- Sensation de manquer d'énergie
- Fatigue au moindre effort
Des troubles du sommeil
- Insomnies : difficultés d'endormissement ou réveils précoces
- Hypersomnie : besoin excessif de dormir
Des changements d'appétit
- Perte d'appétit
- Prise ou perte de poids significative
Une diminution de l'estime de soi
- Dévalorisation
- Sentiment d'inutilité, d'incapacité
- Perspectives d'avenir négatives
Un ralentissement psychomoteur
- Ralentissement idéique, intellectuel
- Ralentissement moteur : difficultés d'initiative
Des idées suicidaires
- Idéations suicidaires fréquentes
- Élaboration d'un scénario suicidaire
Ces symptômes sont présents quasiment tous les jours depuis au moins 2 semaines. Ils entraînent une souffrance cliniquement significative et des difficultés dans la vie quotidienne.
4 - L'aggravation progressive des symptômes
En l'absence de prise en charge adaptée, la dépression caractérisée a malheureusement tendance à s'aggraver au fil du temps. Cette détérioration se fait souvent de manière insidieuse.
L'accentuation des symptômes initiaux
Les symptômes dépressifs de départ s'amplifient :
- Humeur de plus en plus triste, pleurs de plus en plus fréquents et intenses
- Fatigue de plus en plus intense
- Perte croissante de motivation et de plaisir
- Insomnies de plus en plus invalidantes
L'apparition de nouveaux symptômes
De nouveaux symptômes font leur apparition au premier plan :
- Anxiété : attaques de panique, angoisse généralisée
- Irritabilité : colères, accès d'agressivité
- Douleurs : maux de tête, douleurs abdominales, courbatures
- Troubles cognitifs : pertes de mémoire, troubles de concentration
L'aggravation du risque suicidaire
Avec l’aggravation de la dépression, le risque de passage à l’acte suicidaire croît de manière significative. D'après l'American Journal of Preventive Medecine, il atteint 2 à 5% chez les dépressifs sévères.
Une évolution sur plusieurs mois ou années
Sans intervention adaptée, cette phase d’aggravation insidieuse peut durer de nombreux mois, voire même plusieurs années. Le patient s’enfonce lentement mais sûrement.
5 - L'épisode dépressif aigu
L'épisode dépressif aigu constitue la phase la plus sévère de la dépression caractérisée. L’ensemble des symptômes sont alors portés à leur paroxysme.
Une régression psycho-comportementale
Le patient présente une régression majeure :
- Prostration complète, mutisme, repli total sur soi
- Perte d'autonomie : incapacité à effectuer les gestes de la vie quotidienne
- Dénutrition par refus alimentaire
- Négligence extrême de l'hygiène et de la présentation
Une souffrance psychique extrême
Il est en proie à une détresse psychique intense :
- Angoisse insupportable avec attaques de panique
- Aucun moment d'accalmie
- Pleurs continus, crises de désespoir
- Sensation de torture mentale
Des troubles délirants sévères
Surviennent des troubles délirants particulièrement graves :
- Délire mélancolique : indignité, ruine, culpabilité
- Délire de négation : conviction d'être mort ou de n'avoir aucun organe
- Délire de persécution : idées de complots pour nuire
Un risque suicidaire majeur
Le risque suicidaire est constant et imminent, nécessitant une surveillance 24h/24 pour prévenir le passage à l'acte.
L'hospitalisation en milieu spécialisé est indispensable pour garantir la sécurité du patient qui n'est plus en mesure d'assurer ses besoins vitaux de base.
6 - La phase de rémission
Grâce aux traitements adaptés, la majorité des patients parviennent peu à peu à entrer dans une phase de rémission des symptômes dépressifs.
L'amélioration progressive de l'état général
L'état général du patient s'améliore lentement :
- Le moral s'éclaircit.
- La fatigue et l'anhédonie diminuent.
- L'appétit revient.
- Le sommeil devient plus réparateur.
- L'anxiété se réduit.
La diminution de l'intensité des symptômes
L'ensemble des manifestations dépressives régresse en intensité :
- L'humeur triste s'estompe.
- Les pleurs se raréfient.
- La fatigue devient moindre.
- Les idées suicidaires s'espacent.
La reprise d'une activité normale
Le patient retrouve peu à peu un fonctionnement normal :
- Il peut de nouveau travailler.
- Les relations sociales redeviennent possibles.
- Les loisirs redeviennent agréables.
Une rémission partielle ou complète
Chez 30% des patients, la rémission reste partielle avec des symptômes résiduels invalidants, d'après le New England Journal of Medicine.
Mais la majorité atteint finalement une rémission complète avec disparition de tous les symptômes.
7. La guérison
Après plusieurs semaines ou mois de rémission totale, le patient peut enfin accéder à la guérison définitive.
Une absence prolongée de symptômes
La guérison correspond à une absence persistante de tous symptômes depuis au minimum 6 mois.
Aucune manifestation dépressive significative n'est constatée durant cette période.
Une restauration du fonctionnement psycho-social
Le fonctionnement psychologique et social du patient est entièrement retrouvé.
Il accomplit normalement toutes ses activités professionnelles, familiales, sociales et de loisirs.
Un bien-être psychique restauré
Le patient présente un état de bien-être psychique stable :
- Humeur positive
- Motivation et intérêt préservés
- Confiance et estime de soi retrouvées
La persistance de certains facteurs de risque
Malgré cette guérison, certains facteurs de vulnérabilité demeurent : terrain biologique, traumatismes infantiles...
Le risque de rechute n'est donc pas nul en cas de nouvel événement de vie stressant. Une psychothérapie au long cours est souvent proposée.
En conclusion
Les 7 phases de la dépression :
- La vulnérabilité sous-jacente
- L'élément déclencheur
- L'installation des principaux symptômes
- L'aggravation progressive des symptômes
- L'épisode dépressif aigu
- Rémission progressive
- Guérison
Reconnaître ces étapes est capital pour repérer et traiter la dépression au plus tôt, avant que celle-ci ne s’aggrave. Une prise en charge adaptée à chaque stade permet d’enrayer efficacement cette maladie potentiellement grave.